Abidjan, le 20 décembre 2023 — La Banque africaine de développement a décidé de retirer immédiatement tout son personnel international d’Éthiopie. Le bureau restera ouvert sous la direction d’un fonctionnaire responsable.
Ces mesures n’auront pas d’incidence sur le personnel recruté localement en Éthiopie qui continuera de travailler et restera au service de la Banque. La Banque assurera son devoir de sollicitude à l’égard des membres du personnel concerné et de leurs familles.
Ces décisions font suite à la récente violation du protocole diplomatique et à l’agression perpétrée par les forces de sécurité éthiopiennes contre deux membres du personnel international de la Banque africaine de développement.
Plus précisément, le 31 octobre 2023, deux fonctionnaires basés à Addis-Abeba ont été illégalement arrêtés, agressés physiquement et détenus pendant des heures sans inculpation ni explication officielle.
Il s’agit d’une violation flagrante de leur immunité, de leurs droits et privilèges diplomatiques personnels prévus par l’accord de siège entre le Groupe de la Banque africaine de développement et le gouvernement de la République fédérale démocratique d’Éthiopie.
Mis au fait de l’incident, le président de la Banque africaine de développement, M. Akinwumi Adesina, a immédiatement contacté les plus hautes autorités du gouvernement éthiopien, suite à quoi les deux membres du personnel de la Banque ont été libérés.
La Banque africaine de développement a officiellement communiqué avec le gouvernement éthiopien par une note verbale le 6 novembre demandant une enquête complète et transparente sur l’incident.
M. Adesina a également dépêché une délégation de hauts responsables de la Banque conduite par sa vice-présidente principale à Addis-Abeba le 22 novembre pour dialoguer avec les autorités éthiopiennes au plus haut niveau sur la question et rencontrer le personnel de la Banque dans son bureau-pays éthiopien à Addis-Abeba.
Le président de la Banque a déclaré : « L’évaluation de la délégation de la Banque indique que la situation n’est toujours pas résolue de manière satisfaisante. Cela ne garantit pas non plus que tous les employés de la Banque africaine de développement se sentent en sécurité pour exercer leurs fonctions et se déplacer dans le pays sans crainte de harcèlement. »
« La Banque africaine de développement reste particulièrement préoccupée par le fait que le gouvernement éthiopien n’a, à ce jour, partagé avec la Banque aucun rapport ni aucun détail des enquêtes sur l’incident », a ajouté M. Adesina.
Le président de la Banque a poursuivi : « L’incident d’octobre continue de susciter beaucoup d’inquiétudes au sein du Groupe de la Banque africaine de développement et en particulier parmi le personnel du bureau-pays d’Éthiopie. L’incident a également suscité des inquiétudes parmi les actionnaires de la Banque, d’autres banques multilatérales de développement, les institutions financières internationales, la communauté diplomatique au sens large et d’autres parties prenantes. »
M. Adesina a souligné que la Banque africaine de développement ferait tout son possible pour assurer la sûreté et la sécurité de son personnel, ainsi que la protection de ses droits et privilèges dans la conduite de son travail.
À cet égard, par mesure de précaution, a-t-il indiqué, le personnel international de la Banque en Éthiopie travaillera à distance hors de son lieu d’affectation jusqu’à ce que les conclusions des investigations gouvernementales sur ce grave incident soient partagées de manière transparente avec la Banque et que tous les détails des mesures prises pour traduire les coupables en justice soient rendus publics.
Il a précisé que la Banque africaine de développement reste déterminée à soutenir le développement socioéconomique du pays. Au 30 septembre 2023, le portefeuille actif de la Banque en Éthiopie, comprenant 22 projets, totalisait 1,24 milliard de dollars.
M. Adesina a toutefois observé que « même si la Banque apprécie les excellentes relations qu’elle entretient avec l’Éthiopie jusqu’à cet incident sans précédent, la poursuite de ses opérations et sa présence dans le pays pourraient être affectées négativement si l’incident n’était pas entièrement résolu »