Une action urgente est nécessaire pour intensifier les efforts de lutte contre les abus sexuels et l’exploitation des enfants dans divers médias et aspects de l’industrie du divertissement, a indiqué, mardi une experte indépendante des Nations Unies.
Dans son rapport au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, la Rapporteure spéciale de l’ONU sur la vente et l’exploitation sexuelle des enfants a fait état d’une « nature généralisée » de pratiques contraires à l’éthique, alimentées par des déséquilibres de pouvoir et des normes sexistes néfastes.
« Les abus sexuels et l’exploitation des enfants dans l’industrie du divertissement, qui résultent de systèmes, de structures et de pratiques contraires à l’éthique ou d’abus de pouvoir et d’autorité, sont très répandus », a affirmé Mama Fatima Singhateh.
Elle a constaté que les comportements sexuels prédateurs, y compris le « grooming », étaient acceptés comme la norme dans l’industrie du divertissement. Dans ces conditions, les auteurs ne subissent souvent aucune répercussion pour avoir illégalement exercé leur pouvoir et leur autorité sur des enfants jeunes et aspirants artistes-interprètes.
La peur des représailles
« Les conditions de travail abusives et la représentation des abus sexuels et de l’exploitation des enfants dans diverses plateformes de divertissement tendent non seulement à dépasser les limites, mais aussi à objectiver et à instrumentaliser les enfants », a regretté Mme Singhateh.
De plus, ces derniers temps, les enfants de l’industrie du divertissement, y compris ceux qui ont participé à des émissions de télé-réalité ou qui ont acquis un statut de célébrité grâce aux nouveaux domaines que sont l’influence des médias sociaux et les jeux, ont été exposés à des risques d’abus sexuels ou d’exploitation, avec peu ou pas de conseils juridiques, de suivi, de contrôle ou de protection.
Un nombre important de cas d’abus sexuels ou d’exploitation d’enfants dans l’industrie ne sont pas signalés, principalement en raison de la dynamique de pouvoir qui prévaut, de la peur des représailles et de la perte d’opportunités
Mme Singhateh souligne que si des mouvements tels que « Me Too » ont sensibilisé l’opinion publique aux cas d’abus dans l’industrie du divertissement, les témoignages de victimes et de survivants courageux ont toujours mis en évidence le besoin urgent d’améliorer la protection des enfants et des jeunes dans ce secteur.
D’autant que des études ont montré qu’un nombre important de cas d’abus sexuels ou d’exploitation d’enfants dans l’industrie ne sont pas signalés, principalement en raison de la dynamique de pouvoir qui prévaut, de la peur des représailles et de la perte d’opportunités, y compris des menaces pour la carrière ou la sécurité personnelle, de l’insécurité, de l’intimidation, de la discrimination, de la stigmatisation et de la victimisation secondaire.
Politique de tolérance zéro
« Ces facteurs créent souvent un environnement dans lequel des individus en position d’autorité exploitent des enfants vulnérables, y compris des acteurs et artistes-interprètes en herbe », a ajouté la juriste gambienne.
Comme pour aggraver les choses, les victimes et les survivants ont été confrontés au silence, à la non-reconnaissance, à l’absence d’enquête, à la contrainte, à l’intimidation ou à l’absence de mesures de réparation.
L’experte indépendante onusienne a donc appelé à la mise en place de voies permettant d’atténuer les risques et de garantir que l’implication des enfants dans l’industrie du divertissement. Cela passe par « la mise en œuvre rigoureuse d’une politique de tolérance zéro à l’égard de ceux qui exploitent les enfants et favorisent des environnements abusifs à leur égard dans le cadre juridique ».
Pour de garantir la santé, la sécurité, la vie privée et le bien-être des enfants au sein de l’industrie, Mme Singhateh demande d’établir des partenariats avec les propriétaires d’entreprises pour garantir des modèles commerciaux sans danger pour les enfants, la création de procédures de surveillance et de responsabilisation, la mise en œuvre de garanties techniques pour les espaces en ligne et la promotion d’une collaboration multipartite