Lors du dernier Conseil des ministres, le général Mamadi Doumbouya a réaffirmé avec fermeté son engagement à poursuivre la lutte contre la corruption. Ce fléau, qui gangrène les institutions et freine depuis des décennies le développement de la Guinée, est une priorité pour le Président de la transition depuis son accession au pouvoir en septembre 2021.
Récemment, plusieurs scandales ont été signalés dans des secteurs clés, notamment à la douane, au Patrimoine Bâti Public, à l’Office Guinéen de Publicité (OGP) et dans les mines. Ces révélations mettent en lumière l’ampleur de la corruption qui gangrène les structures administratives et stratégiques du pays. Ces dysfonctionnements, qui touchent au cœur de l’économie et de la gestion des ressources publiques, soulignent la nécessité de réformes urgentes et profondes.
Des mesures audacieuses mais insuffisantes
Les initiatives actuelles, telles que des audits financiers et des poursuites judiciaires contre des figures influentes, ont permis de poser les bases d’une gouvernance plus transparente. Cependant, ces actions restent insuffisantes face à l’ampleur du problème. Pour garantir des résultats durables, il est impératif d’adopter une stratégie globale et inclusive, qui s’attaque aux causes systémiques de la corruption et en prévient les récidives.
Propositions pour des solutions durables
1.Relever ou remplacer les Présidents des Conseils d’Administration (PCA)
Les PCA des entreprises publiques et semi-publiques, notamment dans des secteurs stratégiques comme les mines, jouent un rôle crucial. Une réforme s’impose pour nommer des responsables intègres et compétents, suivie d’un contrôle strict de leurs activités afin de prévenir les abus.
2.Renforcer le suivi des sociétés sous-traitantes
Les sous-traitances, en particulier dans les mines, constituent des foyers de corruption. Une unité dédiée doit être mise en place pour surveiller et évaluer régulièrement les activités de ces entreprises, en s’assurant qu’elles respectent les lois et normes nationales.
3.Création d’une commission de suivi des activités minières
Une commission indépendante, composée d’experts nationaux et internationaux, pourrait garantir la transparence et l’efficacité dans la gestion des ressources minières. Cette instance surveillerait les impacts économiques, sociaux et environnementaux des exploitations et veillerait à ce que les revenus profitent équitablement à l’État et aux communautés locales.
4.Transparence totale dans les contrats publics et miniers
Exiger la publication de tous les contrats liés aux ressources publiques (mines, patrimoine bâti, douanes, etc.), y compris leurs clauses financières et environnementales, permettrait de limiter les arrangements opaques et de responsabiliser les parties prenantes.
5.Impliquer des journalistes spécialisés et compétents
Le rôle des médias dans la lutte contre la corruption est crucial. En associant des journalistes spécialisés à des enquêtes sur les secteurs stratégiques (mines, finances publiques, infrastructures, etc.), l’État renforcerait le contrôle citoyen et garantirait une meilleure transparence.
6.Contrôle rigoureux des institutions en crise
Les récents scandales dans les douanes, au Patrimoine Bâti Public, à l’OGP et dans les mines montrent la nécessité d’audits réguliers et de commissions de contrôle ad hoc dans ces secteurs. Ces mécanismes permettraient d’identifier les dysfonctionnements, de punir les responsables et de prévenir les abus.
Les défis et opportunités
La lutte contre la corruption en Guinée ne pourra être gagnée sans une volonté politique constante et le soutien de toutes les forces vives de la nation. Les résistances de certains acteurs influents constituent un obstacle majeur, mais elles ne doivent pas freiner la détermination du gouvernement.
Le général Mamadi Doumbouya a une occasion unique de transformer la Guinée en un modèle de gouvernance en Afrique de l’Ouest. En combinant réformes structurelles, transparence, implication des citoyens et des médias, il pourrait poser les bases d’un développement équitable et durable.
Un futur prometteur
Si les mesures annoncées lors du dernier Conseil des ministres sont suivies d’actions concrètes, la Guinée pourra espérer un avenir où la corruption appartiendra au passé. Ce combat, qui nécessite une approche collective et systémique, est essentiel pour restaurer la confiance des citoyens envers leurs institutions et construire une société plus juste et prospère.
La volonté politique du général Mamadi Doumbouya, associée à des réformes courageuses et à une implication active de la société civile, peut transformer les récents scandales en opportunités de changement, pour un futur où la transparence et la bonne gouvernance prévaudront.