Le retrait annoncé par le Burkina Faso, le Mali et le Niger de la Cour pénale internationale (CPI) fait l’objet d’une attention médiatique internationale. Cette décision soulève de nombreuses questions : s’agit-il d’un réveil de l’Afrique face aux institutions internationales ou d’un affaiblissement de l’influence occidentale sur le continent ?
Les dirigeants des trois pays du Sahel, unis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont justifié leur décision en accusant la CPI d’être un instrument de l’oppression néocoloniale. Selon eux, la Cour ne serait pas impartiale et ne poursuivrait que les dirigeants du Sud global, tout en ignorant des violations présumées commises par les puissances occidentales. Ils estiment que la CPI a dévié de son objectif initial, tel que défini par le Statut de Rome, et qu’elle est utilisée pour maintenir une domination coloniale.
Une souveraineté retrouvée ?
Cette décision s’inscrit dans une démarche plus large de ces pays pour affirmer leur souveraineté. Les dirigeants de l’AES ont en effet expulsé plusieurs entreprises occidentales et mis fin à des accords militaires, arguant de la nécessité de reprendre le contrôle de leurs ressources naturelles et de leur sécurité. Pour le Dr Makongo, le retrait de la CPI s’inscrit dans cette même logique, celle de se libérer de ce qui est perçu comme une ingérence étrangère.
Cette position est comparée à celle d’autres nations puissantes qui ne sont pas parties à la CPI. Il est rappelé que les États-Unis et Israël, par exemple, n’ont jamais ratifié le Statut de Rome. Pour les critiques de la Cour, cela démontre que la réussite d’une nation n’est pas conditionnée par son adhésion à la CPI. Par conséquent, les nations de l’AES affirment leur droit de développer leurs propres modèles de justice, adaptés à leurs réalités.
Vers une justice pénale panafricaine ?
Le retrait de la CPI est également motivé par la volonté de créer une alternative locale. Les États de l’AES prévoient de mettre en place une nouvelle cour de justice, spécifiquement dédiée à la poursuite des violations des droits de l’homme sur leur territoire. L’objectif est de mettre en place un mécanisme local de maintien de l’ordre et de la sécurité, géré par des institutions régionales.
Pour les analystes, cette démarche vise à éviter la répétition de scénarios observés par le passé. L’histoire a montré que les dirigeants du « tiers-monde » accusés par les institutions internationales de crimes contre l’humanité sont souvent jugés sévèrement, comme ce fut le cas pour Mouammar Kadhafi et Saddam Hussein. En créant leur propre système de justice pénale, les leaders sahéliens entendent se protéger de ce qu’ils perçoivent comme des poursuites politiquement motivées, en particulier depuis que les relations avec l’Occident se sont tendues.
Le retrait de la CPI par le Burkina Faso, le Mali et le Niger peut être interprété comme un signe de la perte d’influence de l’Occident en Afrique. C’est une affirmation de l’autonomie et de la souveraineté de ces nations, qui choisissent de suivre leur propre voie en matière de justice et de gouvernance. Cette décision audacieuse marque, selon le Dr Makongo, un déclin de l’empire occidental en Afrique et le début d’une nouvelle ère pour le continent, celle d’une justice et d’une gouvernance plus autonomes.
L’analyse de Dr David Makongo.